Je partage aujourd’hui avec vous une nouvelle interview, celle de Christophe. A travers son parcours professionnel et personnel, il nous livre une réflexion sincère sur la relation au travail comme à l’inactivité, l’entrepreneuriat et la liberté de vivre la vie qui vous fait vibrer. Il raconte ses mésaventures et comment elles lui ont permis de rebondir encore plus haut. Il vit aujourd’hui en Thaïlande et se lance dans l’immobilier.
Je vous recommande vivement de lire cette interview jusqu’au bout si vous aussi vous souhaitez vous défaire de la Rat Race et connaître les joies de la liberté financière…
Q : Comment as- tu pu quitter la rat race, pour t’installer à la Réunion puis en Thaïlande, et qu’as-tu rencontré comme difficultés sur ton parcours ?
R : J’étais directeur régional dans le centre de la France avec beaucoup de responsabilités, j’avais un salaire fixe. Au bout d’un an et demi j’avais très bien développé le chiffre d’affaire, fait énormément de profits et commencé à avoir des salaires très importants, ce qui n’a pas plu à la direction générale.
Ils m’ont convoqués en me posant cet ultimatum : soit je me passais de l’intéressement sur les résultats, soit je me faisais muté. Après plusieurs négociations j’ai pu partir, j’étais tellement déçu de cette expérience que je voulais partir. Je ne voulais pas quitter la France mais quitter au moins la métropole.
A l’époque, avec mon épouse et mes deux jeunes enfants, on a décidé de partir sur l’île de la Réunion. Nous sommes arrivés en juillet 1998. Je pensais prendre une année sabbatique, pour m’occuper des enfants, j’ai toujours travaillé dur et je ne passais pas assez de temps avec eux.
Cette année sabbatique n’a pas été si longue que ça finalement car au bout de six mois seulement j’avais l’impression de perdre tous mes acquis. J’ai donc préféré me trouver un travail que de me sentir mal dans ma peau.
J’ai trouvé un poste sur Saint Denis, de directeur commercial pour une société qui vendait des matériels et produits d’entretien. J’y ai travaillé de décembre 1998 à mai 2000. Entre temps on a développé toute une filière pour station-service qui s’est avéré marcher très fort. J’avais à la base négocié de m’associer si cela fonctionnait bien et au final on m’apprend que l’association sera pour plus tard.
En mai 2000 j’ai donc démissionné, je voulais faire autre chose. A cette époque mon épouse était partie, je me suis retrouvé seul avec les enfants, et c’est à ce moment que j’ai décidé de me mettre à mon compte et de créer ma propre société. Celle-ci s’est rapidement développée, j’ai commencé à faire pas mal de chiffre d’affaire, avoir des contrats intéressants.
On bénéficiait de LADOM à l’époque et une fois salarié on la perdait alors j’ai créé une seconde structure. Sur cette deuxième société je me suis associé avec une personne, il connaissait du monde sur l’île je lui ai appris le métier. Au fur et à mesure il a développé cette entreprise, chose qu’il a bien fait. Au bout de deux ans il me fait comprendre que lui travaillais et que moi pas ou peu et il ne comprenait pas que je prenais des dividendes. Encore un échec, je lui ai donc vendus mes parts puis on s’est quittés amicalement.
En 2008 je suis parti en vacances avec un ami en Thaïlande et à Bali. J’ai toujours été passionné de décoration, surtout de mobilier et je suis tombé amoureux des meubles balinais. On est donc partis sur Java et j’y ai trouvé un artisan qui faisait ce que j’aimais. Quand je suis rentré à la Réunion trois semaines plus tard je me suis lancé dans les meubles et j’ai ouvert ma boutique, j’ai créé ma marque de mobilier. C’était une aventure passionnante qui perdure toujours à l’heure actuelle.
En 2012, après l’élection présidentielle je me suis posé beaucoup de questions et j’ai finalement vendu cette boutique, tout en gardant la marque, ainsi que ma première société. A la suite de cela mon épouse et moi avons décidés de partir en Thaïlande. J’ai toujours aimé ce pays, ces gens et leur culture.
Q : Est-ce si différent ?
R : C’est surtout difficile de s’adapter quand on est habitués à un train de vie très rapide, ici avec la culture bouddhiste les gens sont très zen. Et psychologiquement c’est totalement différent, il y a un décalage entre partir en vacances en Thaïlande et y vivre. On a eu des soucis au niveau des visas, c’est long et compliqué. Je souhaitais en premier lieu faire une étude de marché avant d’entreprendre dans quoi que ce soit. On a alors pris un visa étudiant, on a appris le thaï, on est restés un an et demi à cinquante ans on a pu prendre un visa retraite.
A l’heure actuelle nous créons une structure qui nous permet de changer de visa, un visa business. On va rebondir dans le secteur de l’immobilier qui est assez demandé ici, il y a plein de choses intéressantes à faire.
C’est très difficile de ne pas travailler, pendant deux ans on n’a pas vraiment travaillés, j’avais encore des commandes de meubles mais ça n’occupait pas mes journées.
Q : Comment as-tu vécu ce changement, d’une occupation intense à une occupation presque nulle ?
R : Pendant une année j’ai fait une petite déprime. Le bon côté des choses est que c’est un beau pays, la vie n’est pas très chère. On a rencontrés un problème au départ, c’est de créer des liens amicaux avec les gens, il y a beaucoup de retraités mais lorsque que tu vas dans des villes plus vivantes avec plus de jeunesse, tu risques de rencontrer des jeunes pas très sains. Ce n’est pas une aventure facile comme beaucoup pourrait l’imaginer.
J’ai fait pendant de nombreuses années 14 à 15 heures de travail par jour et de changer de changer du tout au tout de rythme c’est assez perturbant. Aujourd’hui on n’a pas vraiment de relations sociales, on ne travaille pas, on s’occupe mais ça ne remplace pas le vrai travail. Après c’est un choix de vie, lorsque j’étais à la Réunion je gagnais pas mal d’argent mais finalement je n’étais pas heureux dans ce que je faisais. Ma priorité ce n’était pas l’argent.
On a tous besoin de l’argent, il faut bien travailler pour gagner sa croûte mais je pense que dès qu’on n’est pas épanoui, l’argent ne compte pas en premier, il faut changer de voie, d’objectif, de vie.
A la fin je saturais, j’étais de moins en moins performant dans mon travail.
Q : Tu n’as pas pensé à déléguer tout ce travail justement ? Pour avoir plus de temps pour toi, souffler un peu.
R : En tant que perfectionniste j’aurai eu du mal à le faire, c’était mon problème. Je voulais tout chapoter, tout gérer moi-même pour être sûr qu’il n’y ai pas d’erreur, ou du moins pour ne pas perdre mon temps à repasser derrière si il y avait des erreurs. J’avais pensé à un moment à donner la gérance de l’entreprise mais c’était trop de dangereux si jamais la personne n’était pas à la hauteur. Je ne voulais pas prendre ce risque, cette structure j’y tenais bien trop. Je l’ai créée, j’y ai mis ma sueur, ça n’a pas été facile et j’étais si fier de cette entreprise que je ne voyais personne d’autre que moi à la tête de celle-ci.
Q : Donc ça a dû être dur pour toi de vendre ?
R : Bien sûr, c’était très difficile, mais après tout je n’avais plus envie de faire ce métier. On a essayé de trouver le bon acheteur, pour avoir une continuité de l’activité, pour que je me dise que je n’ai pas fait tout cela pour rien.
Q : Il y a une certaine forme d’attachement donc ?
R : Evidemment, comme je l’ai dit, je l’ai créée, je l’ai faite évoluer et oui j’y été attaché. Mais dans la vie le bonheur c’est de ne pas s’attacher justement, c’est matérialiste, ce n’est pas grave, on évolue aussi, on change. Nous pour l’instant on est bien ici, peut-être que dans dix ans on aura changé d’avis, on partira ailleurs.
Q : Est-ce que cette culture bouddhiste dans laquelle vous vous êtes immergés a changé ta perception des choses ?
R : Oui, en fait je pense qu’il faut simplement faire ce que l’on aime, aller là où on est heureux et ne pas se poser trop de questions car ce sont elles qui nous freinent dans beaucoup de nos démarches. La vie est courte. Il faut se laisser guider par soi-même.
Q : C’est ça pour toi la véritable liberté ?
R : Tout à fait, après ce qui est important c’est de préparer son départ. Nous on l’a mal préparé, on est partis trop tôt et pas assez de réflexion. Ca nous aurait évités de ne pas travailler pendant deux ans.
Q : Combien de temps il s’est écoulé entre la première fois où tu as eu l’idée de vendre et le moment où tu es passé à l’action ?
R : Deux mois. Tout est allé très vite, j’ai trouvé un acheteur rapidement et deux mois plus tard encore c’était vendu.
Q : A la vitesse où cela a été, as-tu eu l’impression que la situation t’échappais ou devenais tu anxieux ?
R : Je n’en dormais plus à vrai dire. Je me suis longtemps demandé si j’avais fait le bon choix mais à l’heure actuelle je ne le regrette pas du tout. Après il faut tester des choses dans la vie, faire des expériences.
Je prends l’exemple de mes cousins. Ce sont des gens qui m’envient peut-être beaucoup. Chaque fois que je rentre, j’entends « T’as de la chance, T’as de la chance ! » Bien sûr j’ai de la chance, mais à côté de ça j’ai provoqué la chance. J’ai pris des décisions qu’ils ne prendraient peut-être pas eux. Ils sont dans leur société depuis 20 ans, 25 ans ou plus et ils ne s’y plaisent pas. Ils envient un peu ta vie mais ils ne feront pas le pas.
C’est normal d’avoir peur, moi aussi j’avais peur mais si tu n’essaie pas tu ne sauras jamais, tu peux le regretter tout ta vie et tu vas te demander « Si je l’avais fait ça aurait peut-être été génial ! ». Il faut simplement écouter ses envies, ses pulsions. Et bien sûr le faire intelligemment. Il faut savoir écouter son côté émotionnel mais aussi écouter sa raison. Si on écoute que la raison on n’avance pas et si on écoute que ses émotions on avance mais mal. Il y a des gens qui ne bougeront jamais, qui ne prennes pas de risques et d’autres comme nous, qui ont la bougeotte et qui veulent faire plein de choses. On ne sait pas ce que la vie nous réserve mais on peut aussi provoquer un peu le destin.
Q : Est-ce que c’est plaisant le fait de ne pas savoir de quoi sera fait demain ?
R : Oui bien sûr c’est jouissif sur certains points mais il y a le pour et le contre. J’ai cinquante ans, j’ai quitté la France depuis deux ans maintenant, je ne cotise plus à rien en France, je me demande même si j’aurais une retraite plus tard. Ce sont des choses qui font réfléchir mais je me dis que ce que je vis aujourd’hui j’avais envie de le vivre, personne ne m’y a obligé et je ne regrette rien. Libre à nous de prendre des risque, plus ou moins grands mais si on en prend pas on ne vit rien.
Q : D’après ce que tu m’as dit sur tes cousins, sur les gens qui ne franchissent pas le pas, est-ce que ça signifie que pour avoir de la chance, il faut avoir du courage ?
R : Oui forcément. C’est comme chercher du travail assis dans son canapé devant la télé. Ca ne tombe pas du ciel. Les gens sont trop sédentaires, ils ne bougent pas assez. Même pour mes enfants ces expérience ont été bénéfiques, partir à La Réunion, découvrir autre chose. Ils sont beaucoup plus ouverts sur le monde. Il faut vivre ce qu’on a envie de vivre. Je connais des gens qui habitent proche de chez leurs parents, et ils vont y rester toute leur vie. Après ce sont des choix, tout ce respecte.
Q : Ton parcours est assez intéressant car après les bas et les très bas que tu as eu il t’est arrivé de très bonnes choses !
R : C’est clair que l’on rebondi plus facilement lorsqu’on est en danger que quand on est bien assis. Les gens qui ont les dents se sont souvent les gens qui se sont battus pour arriver là où ils sont aujourd’hui. Et à l’inverse les personnes qui ont eu tout ce dont il avait besoin, n’ont pas été forgés par la dureté de la vie, ils ont rarement la gnaque.
Le fils d’un ami, qui est étudiant, son père est richissime et il lui verse pour ses études 1500 euros par mois. Ce jeune la quand il va arriver dans le milieu du travail il sera complètement perdu. Son premier boulot, on va lui proposer, imaginons, un smic, il sera déboussolé. Je ne pense pas que ce genre de personnes ont réellement la valeur de l’argent. Il ne faut pas trop couver nos enfants et les laisser faire leurs expériences, il faut les laisser galérer aussi. C’est pour leur bien.
Q : Par rapport à ta relation au temps et à l’argent, qu’est-ce que toutes tes expériences t’ont apportées ?
R : Plus j’avais d’argent, plus je le dépensais. Je me créais des besoins parce que je pouvais les acheter. Je ne prenais pas le temps de vivre alors ça amène à la compulsivité je pense. La société actuelle est très matérialiste, c’est je dépense de l’argent que je n’ai pas. Je connais quelqu’un tant que la banque lui prêtait, il investissait dans la pierre.
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